Vignes en friche : un groupe de travail de la FGVB en action
L’assemblée générale de la Fédération des grands vins de Bordeaux a été l’occasion de faire le point sur les actions menées tout au long de l’année pour défendre les AOC de Gironde dans le contexte des évolutions législatives européennes ou nationales.
Par ailleurs, il a été fait état des pistes engagées par les groupes de travail.
Le travail réalisé sur les vignes en friche retient l’attention de l'administration.
L'assemblée générale de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (FGVB) s’est tenue lundi 13 décembre à Planète Bordeaux, devant un auditoire composé de nombreux représentants des ODG de Gironde, mais aussi de représentants de l’administration et de parlementaires du département.
Jean-Marie Garde, président de la FGVB, saluait la présence des interlocuteurs réguliers de la filière viticole : « Je veux remercier tous ceux qui nous soutiennent : parlementaires, députés et sénateurs, et les services de l’État qui sont en permanence à notre écoute. »
Travail de fond avec la CNAOC. La mission de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux est notamment d’accompagner les travaux engagés par la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à appellations d’origine contrôlées (CNAOC).
L’activité a donc été très dense pendant toute la période de discussions de la PAC.
Yann Le Goaster, directeur de la FGVB, apportait quelques précisions complémentaires : « En marge de la réforme, les échanges avec la Commission européenne ont permis de clarifier la possibilité de repli entre appellations qui pourra figurer dans les cahiers des charges des AOC. »
Points de vigilance. Il a été signalé qu’un rapport d’information à l’initiative de la Commission européenne concernant la lutte contre le cancer (rapport Beca) est actuellement en examen au Parlement européen. Il en ressort la possible suppression de la notion de « consommation excessive d’alcool », une éventuelle remise en question de la possibilité d’un étiquetage dématérialisé des informations nutritionnelles et des ingrédients des boissons alcoolisées, et l’éventualité d’une augmentation des taxes sur les boissons alcoolisées.
Les parlementaires européens ont été mobilisés sur ce point.
Florence Lassarade (LR), sénatrice de Gironde, pédiatre de métier, membre de la commission des affaires sociales au Sénat, tenait à apporter quelques précisions : « Je ne manque pas de rappeler que l’alcool, et plus particulièrement le vin, est un des éléments de la gastronomie. Je n’ignore pas qu’il y a une frange de sénateurs qui sont hygiénistes, et plus encore chez les députés. Mais comme sur la question du vaccin, il faut expliquer. »
Bernard Farges, président du CIVB et nouveau président du CNIV, l’admettait : « Le plan cancer de l’Union européenne est inquiétant pour notre filière dès lors que la notion de consommation excessive est supprimée, le premier verre est considéré comme dangereux. Le constat que l’on dresse est que dès que l’on sort du volet agricole, nous avons des difficultés à faire entendre notre point de vue. »
Assurance récolte. Si l’État a annoncé une mise en place du nouveau dispositif au 1er janvier 2023, les éléments de projection sont faibles à ce jour.
Bernard Farges le constatait lui-même : « L’assurance récolte va dans le bon sens. Mais nous avons beaucoup d’incertitudes sur la partie qui serait prise en charge par l’État. »
Florent Boudié (LREM), député de Gironde, faisait le même constat : « L’assurance récolte est une belle avancée, mais en tant que parlementaire, on n’y voit pas clair du tout. »
Vignes en friches : « Mettre en œuvre des solutions »
Vignes en friche. La FGVB poursuit le travail qui consiste à réaliser un diagnostic des parcelles en friches en Gironde.
Ce travail se fait en partenariat avec de nombreux acteurs, dont la Direction régionale de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (DRAAF). « Il nous faut définir et mettre en œuvre des solutions opérationnelles », soulignait Yann Le Goaster.
Renaud Laheurte, DDTM, soulignait le jour même, lors de l’assemblée générale du CIVB : « Je ne peux que saluer l’initiative lancée par la Fédération des Grands Vins de Bordeaux pour améliorer le recensement des vignes abandonnées et proposer des outils réglementaires ou financiers pour essayer de résoudre ce problème. Il est important que l’ensemble des acteurs impliqués travaille de façon collaborative dans le recensement des friches et que les données soient mutualisées et partagées. »
Renaud Laheurte expliquait qu’un premier groupe pilote est engagé sur l’arrondissement de Blaye autour de la préfète. Un comité technique s’est réuni le 17 novembre à Bourg-sur-Gironde avec les représentants des ODG, du GDON des Bordeaux, de la Chambre d’Agriculture et de la DRAAF. « Les objectifs poursuivis, en lien avec les travaux de la FGVB, sont :
- la proposition d’un mode d’organisation pour arriver à un inventaire exhaustif des friches en associant les différents partenaires (GDON, ODG, conseillers de la Chambre d’agriculture, techniciens des caves coopératives…) ;
- la valorisation et la mutualisation des données existantes (contrôles ODG, GDON, Qualibordeaux, CVI) ;
- la caractérisation des friches identifiées (âge des parcelles, situation de la propriété, localisation au regard des zonages d’urbanisme…) ;
Avec l’objectif de pouvoir définir, d’une part, une méthode réplicable sur l’ensemble du vignoble, et d’autre part, un plan d’actions adapté. »
Lisières urbaines. Lors des discussions au Sénat et à l’Assemblée nationale, la filière viticole avait demandé des mesures imposées en limite de zone agricole aux promoteurs immobiliers de façon que les constructions soient accompagnées de la mise en place d’un espace de transition.
Ces espaces aménagés (haies par exemple) éviteraient le développement du mitage urbain, source de tensions entre monde urbain et monde agricole.
« Sur cette question du mitage urbain, expliquait alors le député Florent Boudié, il y a assez peu de départements en France qui sont concernés autant que nous. Nous butons aussi sur une réalité, la volonté d’élus locaux qui se voient d’abord, et avant tout, comme des animateurs d’espaces. »
Jean-Marie Garde insistait pour que les terroirs viticoles et agricoles soient préservés : « Dans cette période de crise, les relations sont encore plus compliquées. Nous devons veiller à protéger les territoires viticoles quand ils sont qualitatifs. Ces espaces de transition sont donc un élément important.
Et nous poursuivrons la mobilisation pour obtenir leur mise en place. »
Emmanuel Danielou