Sortir du glyphosate : la ruée vers les solutions alternatives
Jeudi 6 mai, la Chambre d'agriculture de la Gironde proposait une journée technique à Ladaux, sur le thème « La vie sans herbi ».
Plusieurs entreprises présentaient les outils à même d’éviter le recours au glyphosate sous le rang. Malgré un temps plus que maussade, près de 200 vignerons ou techniciens avaient répondu à l’appel.
Jeudi 6 mai. Malgré un vent puissant et des averses à répétition, près de 200 viticulteurs étaient réunis à Ladaux, au cœur de l'Entre-deux-Mers. Les impératifs légaux sur l’usage du glyphosate ne laissent guère d’alternative à la filière : il faut réduire les doses. La réponse à l’invitation de la Chambre d’agriculture de Gironde était donc importante.
Avant les prises de parole, les viticulteurs allaient d’un espace à l’autre, regardant les disques moteurs, les étoiles bineuses, les lames pour décompacter la terre.
Puis Aurélie Vincent, animatrice du groupe Dephy Est-Gironde rameutait les troupes et passait le micro à Philippe Ducourt, qui recevait sur ses terres. L’exploitation de 480 hectares compte aujourd’hui 60 hectares en conversion bio. Le reste est certifié HVE. L’exploitation fait également partie du groupe pilote RSE du CIVB.
Le manque de tractoristes : un frein à la conversion
Depuis plusieurs années, Philippe Ducourt participe aussi au groupe Dephy animé par Aurélie. Et il tenait à saluer son travail : « C’est grâce à l’animation du groupe par Aurélie et à la diversité des participants que nous avons pu changer nos méthodes dans la démarche d’arrêt du glyphosate. »
Avec une partie de l’exploitation en conventionnelle, et une autre en bio, il a un double regard sur les moyens à déployer. « Avec 480 hectares, le gros problème, c’est le manque de tractoristes. Aujourd’hui, sur notre exploitation, nous faisons appel à 15 tractoristes, dont 10 confirmés. Si je devais arrêter le glyphosate d’un seul coup, j’aurais besoin du double de tractoristes. Ce manque de conducteurs est un frein à la conversion. »
Mais s’affranchir du glyphosate et réduire l’usage des produits phytosanitaires est aussi se mettre en quête d’outils, de matériels, de solutions mécaniques ou agronomiques. « On passe son temps à chercher quels outils adopter, observe Philippe Ducourt. Mais c’est surtout la météo, la nature du terrain qui vont décider des outils à utiliser. Une année, on va trouver idéal l’usage des lames, l’année suivante, ce seront les disques moteurs, et l’année d’après, on ne jurera que par les étoiles bineuses. » En fait, c’est un tout, un ensemble d’outils qui permettent de faire face.
Philippe Ducourt et Aurélie Vincent encouragent à travailler en groupe, en équipe. « Cette réflexion de groupe aide à changer les habitudes. La douzaine de viticulteurs qui participe à ce groupe d’échange est parvenu à faire baisser de 20 % l’usage des produits phytos, et nous sommes aujourd’hui à un IFT moyen de 11, ce qui est très encourageant. »
Lors de cette journée, plusieurs types de matériels de travail du sol ont été présentés. Plusieurs entreprises étaient présentes, comme Guesnon (avec un balayeur inter-rang de chez Boisselet). Une brosse venant frotter sous le rang, comme un balayage visant à évacuer l’herbe, et ainsi libérer la concurrence avec le cep. Les représentants de Agri-Saso, de Sauveterre de Guyenne, présentaient un outil de chez Clémens, avec disque, étoile bineuse et lame. D’un stand à l’autre, l’on discutait technique, solutions.
Force est de constater que le monde viticole se "bouge" pour que cette contrainte de la limitation de l’usage du glyphosate soit une nouvelle façon d’appréhender le métier.
À télécharger sur le site de l’IFV :
« Restriction d’usage du glyphosate dans mon itinéraire technique »