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Que faire quand l’aléa devient la norme ?

Je tiens tout d’abord à réaffirmer ma solidarité avec l’ensemble des vignerons victimes des orages de grêle dévastateurs que nous avons subi le mois dernier.
Les années se suivent et malheureusement se ressemblent : après un troisième gel de printemps en six ans, de violents orages ont frappé un grand nombre de secteurs de notre vignoble (comme beaucoup d’autres régions de France cette année). Une telle récurrence d’événements climatiques détruisant nos récoltes est sans précédent en Gironde.
Les mesures que nous pouvons mettre en œuvre pour aider les sinistrés, que nous rappelons dans ce numéro, ne sont jamais à la mesure de la détresse que vivent celles et ceux qui viennent de perdre tout ou partie de leur récolte dans un contexte économique déjà très difficile pour une grande partie de la viticulture.
Face à ces événements, nous devons réagir afin d’obtenir les mesures qui permettront d’adapter et de sécuriser notre profession.
La première est d’accélérer la mise en place du nouveau dispositif d’assurance récolte qui prévoit une large mutualisation des risques. Nous attendons de l’État qu’il accélère la publication des textes d’application de la nouvelle loi afin qu’elle soit mise en œuvre pour la récolte 2023. Mais cette évolution devra s’accompagner d’une refonte de la base assurable pour être efficace : pour cela, la moyenne olympique devra à l’avenir exclure les années d’aléas. Sans cela, cette réforme restera lettre morte.
La seconde repose sur le renforcement du dispositif de prévention Adelfa, dont la densité du nombre de postes, aujourd’hui insuffisante (le territoire de la métropole n’est pas équipé), doit être augmentée. Ce dispositif doit être automatisé pour pallier les limites du bénévolat. Nous solliciterons les collectivités territoriales, les compagnies d’assurances, pour qu’elles contribuent au financement du réseau aujourd’hui essentiellement assuré par le Conseil départemental et par la viticulture.
À court terme, nous demanderons également à l’État un effort particulier pour faciliter l’étalement du paiement des cotisations sociales mais également du remboursement des prêts bancaires, en particulier des PGE, pour toutes les victimes de ces aléas.
Enfin, et dans le même temps, le développement d’un Volume Régulateur capable d’amortir les chocs climatiques ou commerciaux devra rapidement intervenir.
C’est en mettant en place ces mesures que nous redonnerons confiance aux viticulteurs et que nous assurerons l’attractivité et la pérennité de notre métier de vigneron.

Union Girondine