Aidons nos vignes à s’adapter
Malgré des conditions climatiques particulièrement rudes cette année, la vigne s’est plutôt bien adaptée aux coups de chauds répétés, et on peut affirmer dès maintenant que nous avons un millésime de très grande qualité. Malgré des quantités limitées, nous pouvons espérer qu’il favorisera l’image et la valorisation des vins de Bordeaux.
Cependant la vigne a souffert, surtout sur les sols filtrants. Le déficit pluviométrique est en moyenne de - 45 % sur la Gironde depuis le début de l’année (avec près de 350 mm en cumul à mi-septembre), allant jusqu’à 60 % dans certains secteurs du vignoble. Ces conditions, qui pourraient être celles de la viticulture de demain, doivent nous amener à poursuivre, tant au plan individuel que collectif, la mise en œuvre des outils d’adaptation au changement climatique, avec plusieurs leviers complémentaires.
Certains s’inscrivent dans le long terme. En premier lieu, dans le cadre du renouvellement du vignoble, nous devrons accélérer la diversification de l’encépagement pour privilégier des variétés au débourrement plus tardif, expérimenter des variétés nouvelles (c’est l’objet des VIFA), mais aussi utiliser des porte-greffes plus adaptés aux variations climatiques.
Cette adaptation passe aussi par l’implantation des rangs, qui devra être repensée pour optimiser l’exposition des ceps. Nous devrons envisager de revoir les périodes de plantation pour privilégier ces dernières à l’automne. Ces différentes évolutions impliquent d’anticiper davantage le renouvellement du vignoble, en étroite coordination avec les pépiniéristes.
À court terme, il est également possible d’utiliser les couverts végétaux, permanents ou temporaires selon les types de sols, qui présentent de multiples avantages, le premier d’entre eux étant de diminuer la température au sol mais aussi de limiter l’évapotranspiration des vignes.
En parallèle, des travaux et de nombreuses expérimentations sont menés en matière d’agroforesterie pour évaluer les impacts positifs de la plantation d’arbres en bordure ou dans les parcelles.
Nous devons enfin conduire une réflexion de fond sur l’usage de l’eau, les moyens de la stocker pour l’utiliser afin de protéger nos jeunes vignes, en ayant conscience que le partage de l’eau constituera un enjeu sociétal fort à l’avenir.