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Politiques d’achat : nous demandons de la cohérence

Les chiffres de la dernière récolte mettent en évidence des rendements à l’hectare particulièrement faibles, notamment pour les vins rouges. Nous ne pouvons accepter que certains acheteurs proposent aux viticulteurs des prix indignes.
Depuis 2016, les vignerons sont pris en tenaille entre des coûts de production élevés, liés aux aléas climatiques répétés, et des politiques d’achat centrées sur les bas prix tandis que les prix moyens aux consommateurs ont continué à augmenter.
Cette situation récurrente liée à la baisse de la consommation et donc aux difficultés de commercialisation a provoqué l’appauvrissement progressif de notre filière et nous a conduits à demander la mise en œuvre du plan d’arrachage sanitaire qui doit contribuer à retrouver un équilibre de marché.
Mais ces efforts ne suffiront pas si, en parallèle, les politiques d’achat de la grande distribution ne changent pas, pour prendre en compte - a minima - les coûts de production. L’argument mis en avant de la défense des consommateurs a bon dos car on parle de quelques centimes d’euros de marge par cols.
Le prix du vin représente parfois moins de soixante centimes d’euros par bouteille pour l’AOC Bordeaux soit le sixième du prix de la bouteille réglé par le consommateur, très inférieur à son prix de revient !
Or, dans le contexte actuel, les consommateurs, s’ils consomment moins et différemment, se disent être prêts à dépenser davantage pour des produits de qualité et respectant l’environnement. Dans cet objectif, notre viticulture a fait de nombreux efforts au cours des dernières années. Cette politique a aussi un coût et il est indispensable que nos produits puissent être valorisés.
La Responsabilité Sociétale des Entreprises ne peut se concevoir que dans une politique d’achat permettant aux viticulteurs de vivre de leur travail. On ne peut brandir un label d’engagement RSE de la part de la grande distribution, tout en continuant à acheter à très bas prix. Il faut faire preuve de cohérence !
Une modification législative de la loi EGALIM apparaît donc plus que jamais nécessaire pour faire évoluer les politiques d’achat. Il est indispensable qu’elle puisse garantir des transactions permettant aux vignerons de vivre de leur métier.

Union Girondine