Pépinière viticole : « Le plan de relance répond à nos principaux objectifs »

Même si le compte n’y est pas totalement, les premiers dispositifs d’aide du plan de relance vont dans le sens des défis que veut relever la filière des pépinières viticoles. Entretien avec David Amblevert, pépiniériste en Gironde à Sainte-Florence et président de la Fédération française de la pépinière viticole.

Union Girondine

Les premiers dispositifs agricoles et ali- mentaires du plan France Relance ont été rendus publics le 2 décembre. Ce plan de relance national vise notamment à améliorer la résilience des exploitations agricoles et à accompagner leur transition écologique. Il concerne donc bien évidemment la filière viti-vinicole et, en amont, la filière des pépiniéristes viticoles. Le 30 octobre, la Fédération française de la pépinière viticole avait déjà envoyé un courrier à FranceAgriMer, chargé d’établir dans le détail des dispositifs d’aide du plan. La fédération y proposait une liste de matériels et d’équipements subvention- nables, aussi bien pour la limitation des intrants que pour la protection contre les aléas climatiques. Pour David Amblevert, président de la fédération des pépiniéristes viticoles, Les deux programmes d’aide aux agroéqui- pements (voir page 34) répondent en partie aux demandes de la filière.

Au regard des propositions adressées à FranceAgriMer, la filière pépinière viticole s’y retrouve-t-elle dans ces deux premiers volets d’aides du plan de relance ?

David Amblevert : Le compte n’y est pas totalement mais nous nous approchons véritablement des objectifs que se fixe la pépi- nière viticole française. Nous devons relever un double défi : l’innovation avec des enjeux de modernisation technique et l’engagement sanitaire. Ce sont les points les plus importants pour la pépinière viticole française aujourd’hui. D’où la liste transmise à FranceAgriMer fin octobre, avec l’ensemble des investissements et des équipements que nous aurions souhaité voir éligibles. Dans l’ensemble, les équipements y sont. Il y a deux éléments importants que FranceAgriMer n’a pas retenus : l’optimisation des équipements des chambres froides, qui doivent être plus performantes, notamment en termes d’isolation, afin de limiter la consommation en énergie. Et le soutien à l’acquisition des ma- chines à traitement à l’eau chaude des bois et des plants n’a pas non plus été retenu. Mais comme nous sommes toujours persévérants et optimistes, nous pensons qu’il y aura un jour une clause de "revoyure". À ce moment-là, nous argumenterons mieux, de façon à inclure ces deux investissements dans les programmes d’aides.

Ces deux éléments sont propres aux pépinières viticoles, tandis que les programmes concernent l’ensemble des exploitations agricoles et viticoles.

D. A. : C’est tout-à-fait vrai, sachant qu’il y a tout de même des éléments bien spécifiques à notre filière que FranceAgriMer a bien voulu retenir. Comme les broyeurs pour le recyclage de nos déchets végétaux ou les filets « insect proof » utilisables sous serres pour limiter les insecticides. Tout le volet robotique pour l’entretien du sol peut également être éligible, ainsi que le matériel de palissage, vertical ou horizontal, destiné aux vignes-mères de porte-greffes. Ce dernier point est important, car il représente un investissement, tout nouveau et spécifique à la filière, donc très coûteux.

Est-ce donc un plan de relance qui vous satisfait ?

D.A. : C’est un plan qui arrive au terme de l’année 2020... où la pépinière française fut véritablement oubliée des aides gouvernementales. Ce plan de relance répond aux principaux objectifs que se fixe la pépinière viticole française pour répondre à l’attente de la viticulture. Ce plan est ainsi complémentaire des plans de compétitivité que les différents syndicats régionaux ont pu nouer avec les conseils régionaux. En Nouvelle-Aquitaine, il s’agit du PEPI 20-20, lancé en 2015. Plan de relance et plan de compétitivité ne sont toutefois pas cumulables. »

> Propos recueillis par Audrey Marret

Nouveaux cépages

Le salon Vinitech-Sifel 2020 a été l’occasion de revenir lors d’une conférence, le 2 décembre, sur les six nouveaux cépages testés dans l’AOC Bordeaux-Bordeaux Supérieur, à des fins d’adaptation au changement climatique. « La filière sera capable de répondre à la demande dès 2021, à condition d’avoir suffisamment de matériel végétal. Or, certaines variétés sont assez rares », a prévenu Delphine Bougès. La présidente du Syndicat des pépiniéristes viticulteurs de la Gironde et du Sud-Ouest a invité les viticulteurs à se rapprocher de leurs pépiniéristes pour anticiper au mieux les demandes, qui bâtiront « ce vignoble de demain ». « C’est un travail d’équipe à mener ensemble. »

Les chiffres clés de la filière

• 880 professionnels inscrits au contrôle des bois et plants de vigne (894 en 2019), dont 234 négociants et 461 producteurs de plants (contre 563 en 2014, soit 18 % de moins en 5 ans).

• 221 millions de plants mis en œuvre au total en 2020 (-14 millions par rapport à 2019).
• 4 053 ha de vignes-mères inscrites en

2020, dont 2 439 ha de vignes-mères de porte-greffes (60 % du parc) et 1 614 ha de vignes-mères de greffons (40 % du parc).

•La Nouvelle-Aquitaine rassemble 22 % des professionnels et représente 15 % des sur- faces de vignes-mères (derrière les régions PACA/Corse, Occitanie et Auvergne Rhô- ne-Alpes). Mais la région totalise 25% des mises en œuvre.

Chiffres publiés en octobre 2020