Technique

GDON des Bordeaux : l’année 2020 au rythme de la cicadelle

La flavescence dorée est une maladie épidémique due à une bactérie véhiculée par une cicadelle. Le GDON* des Bordeaux est un outil pour lutter contre la flavescence dorée avec deux objectifs principaux: contenir la maladie et diminuer les traitements insecticides. Au rythme des cycles de la vigne et de la cicadelle, le GDON des Bordeaux observe le vignoble et accompagne les viticulteurs.

Union Girondine

Le réveil de la cicadelle

Les premières larves de cicadelle ont été observées le 20 avril 2020. Quand elles se nourrissent sur un cep contaminé, elles in- gèrent la bactérie. Un mois après, elles la transmettent à chaque cep qu’elles piquent.

Les premiers traitements

C’est à ce moment-là que le premier traitement larvicide est appliqué. Selon la conta- mination de la zone, il faut réaliser un à trois traitements, à une fréquence définie par le produit utilisé. Le premier traitement doit être appliqué après avoir éliminé les pampres et les repousses de vignes sauvages au bord des parcelles. C’est un gage d’efficacité car ce sont de véritables refuges pour les larves.

Le comptage des larves

Les techniciens du GDON arpentent les vignes en comptant les larves pour vérifier l’efficacité du traitement dans les zones à risque. 

-  En 2020, 2 606 larves détectées sur 478 parcelles de 380 viticulteurs

L’information obtenue, à l’échelle de chaque exploitation, engendre un traitement supplémentaire, là où c’est nécessaire, pour limiter le nombre de cicadelles. Cette intervention ciblée résout le risque de contamination pour toutes les propriétés de la zone. Elle permet également d’éviter le déclenchement du traitement adulticide.

L’envol de la cicadelle

Fin juin, la cicadelle est adulte. Elle conta- mine toujours les pieds sur lesquels elle se nourrit. L’adulte, muni d’ailes, peut voler sur un parcours de 500 mètres au cours de ses 10 semaines de vie.

Le piégeage

Les techniciens du GDON relèvent les pièges pour évaluer les populations de cica- delles et déclencher un traitement là où elles sont trop importantes.

- En 2020, 3 235 cicadelles ont été recensées dans 20 % des 2 188 pièges, installés sur 1 496 exploitations.

Le traitement adulticide

Si les larvicides ont bien été effectués, les populations sont maîtrisées et l’adulticide n’est pas obligatoire. À l’inverse, tout piège avec trop de cicadelles entraîne un traitement sur toutes les sections cadastrales dans un rayon de 500 mètres.

‣ 93 % des pièges ne déclenchent pas 

‣ 1 à 2 traitements évités

‣ 225 communes concernées

‣ 42 314 hectares non traités

‣ 30 % de surfaces non traitées

‣ 1 692 546 € économisés

‣ 1 € cotisé au GDON = 4 € économisés sur les traitements

L’accouplement de la cicadelle

Entre août et octobre, la cicadelle conti- nue de contaminer les ceps, elle s’accouple et pond sous l’écorce et les bois d’au moins 2 ans. C’est aussi à cette période que les symptômes de la flavescence dorée et du bois noir sont visibles.

La formation aux symptômes

C’est le moment pour le GDON de for- mer divers acteurs à la reconnaissance des symptômes.

- 20 professionnels, 65 étudiants, 37 saisonniers prospecteurs

Cette période est l’occasion pour les pro- fessionnels de se former ou de faire former leurs salariés.

La prospection

Le GDON déploie ses équipes dans le vi- gnoble pour détecter les ceps symptoma- tiques :

-sur des parcelles contaminées l’année précédente,

- sur de nouvelles zones, jamais prospec- tées par le GDON.

 137 prospecteurs sur 2 mois prospectent 7 632 hectares : ils marquent 4 473 pieds de bois noir et 35 730 pieds de flavescence dorée

Se former pour détecter précocement un pied et le signaler au GDON permet d’éviter la formation de gros foyers.

Le sommeil de la cicadelle

En hiver, les œufs pondus par les cica- delles sont en dormance. Sur un pied contaminé cette année, la bactérie se répand dans le greffon et le porte-greffe. Les symptômes apparaîtront l’année suivante voire plusieurs années après.

Les résultats

Entre novembre et janvier, le GDON com- munique sur le bilan de la campagne via :

www.gdon-bordeaux.fr, avec une carte des parcelles prospectées et des pièges ;

- les courriers d’arrachage envoyés à chaque exploitation concernée.

-  15 322 observations analysées, 933 courriers d’arrachage

L’arrachage

Arracher des pieds dès l’apparition des symptômes limite la propagation de la maladie. Quand plus de 20 % des pieds sont at- teints sur une parcelle, elle doit être arrachée en totalité.

-  7 parcelles (4 hectares) contaminées à plus de 20 % doivent être arrachées en entier

Vitesse de propagation de la maladie

- 1 pied la 1re année

-10 pieds la 2e année

- 100 pieds la 3e année 

- 1 000 pieds la 4e année

Pour éviter cela et protéger les autres parcelles de la zone, chaque pied arraché compte.

Les pieds peints en rose ou orange at- teints par la flavescence dorée et/ou le bois noir doivent être arrachés :

- avant le réveil de la cicadelle au mois d’avril ;

- en évitant toute repousse car la bactérie est dans tout le pied.

Il est fortement conseillé d’éliminer les ceps et les bois d’au moins 2 ans car des œufs de cicadelles peuvent s’y trouver.

À partir du 1er avril 2021, les techniciens du GDON et de la FREDON (Fédération régionale des GDON) contrôleront l’arrachage de tous les ceps contaminés.

> En savoir plus : www.gdon-bordeaux.fr Tél. 05 56 85 96 02

* Groupement de Défense contre les organismes Nuisibles de la vigne

2020 en chiffres

• 83 % du vignoble piégé
• 10 % du vignoble prospecté
• 1 parcelle sur 4 avec de la flavescence
• 1 parcelle sur 8 révèle du bois noir
• < 1% des pieds marqués sont négatifs à l’analyse • + 28 % de pieds contaminés par rapport à 2019

Le GDON des Bordeaux, c’est aussi :

Comprendre la maladie avec l’INRAE

Des projets de recherche ont révélé l’origine de la flavescence dorée dans les aulnes et le transfert de la bactérie du compartiment sauvage au vignoble cultivé, et vice versa. Les remontées de terrain permettent d’étudier la résistance des cépages afin d’aider la filière sur les questions de l’encépagement.

Expérimenter des outils et des actions

• Proxi-détection

400 photos de ceps symptomatiques ont été prises dans des par- celles de cabernet sauvignon contaminées. L’annotation des symptômes sur ces photos par le GDON permettra de développer un algorithme de reconnaissance de la flavescence dorée, qui sera, à terme, intégré dans une caméra embarquée sur les machines à vendanger.

• Laboratoire d’Innovation Territoriale du GDON

Le GDON recense les acteurs à l’échelle des territoires en bordure de Garonne et de Dordogne : collectivités, associations et profession- nels de la filière viticole. Ensemble, ils pourront imaginer de nouvelles solutions de lutte en tenant compte des vignes non cultivées.

Évaluer la stratégie de lutte avec l’INRAE

Des études sociologiques analysent la production de la réglemen- tation et la gestion globale de la lutte, historiquement et par région. À partir des données d’observation déjà acquises par le GDON, des études économiques visent à optimiser la lutte sous contrainte budgétaire, en modélisant différents scénarios. Des études épidémiologiques pourraient aboutir à l’identification des facteurs parcellaires et extérieurs pour prédire les zones à risque et établir des cartes de prospection ciblée.

Communiquer auprès de tous les professionnels

Nos « Flavescence Info » et newsletters vous informent des traite- ments et du passage de nos équipes au printemps et en été, et des bilans de campagne en hiver. Lors du suivi des insectes en juin et juillet, des mails individuels vous indiquent précisément la venue de nos saisonniers dans vos vignes. Chaque exploitant concerné par un comptage, un piège ou des ceps peints reçoit le résultat de l’obser- vation par mail.

Signaler les vignes non cultivées

Depuis 2012, le GDON, en collaboration avec l’ODG des Bordeaux, recense et signale les friches à la DRAAF, seule entité ayant l’autorité pour les faire arracher. Ainsi, depuis 2012, 25 hectares ont été arra- chés sur 5 communes.

L’Observatoire régional des maladies du bois de la DRAAF